mardi 15 janvier 2013

Jésus savait rire

POUR BEAUCOUP DE PERSONNES, l'idée de voir les chrétiens apprécier, ou pire, cultiver le sens de l'humour est anathème. Après tout, la Bible ne mentionne pas que Jésus a ri. Mais elle évoque par contre le fait que Jésus pleura à un enterrement.
Mais la Bible est pleine d'incidents amusants et humoristiques. Jésus était très apprécié des enfants et de ses contemporains pour sa chaleur, sa bonne humeur, sa convivialité.
Certains aiment toujours l'imaginer comme quelqu'un de froid et grave, mais je me plais à penser qu'il savait l'effet que produit une belle histoire, bien racontée, agrémentée d'un sens de l'humour bien ciblé.

Ressembler à Jésus
Jésus avait l'art d'employer l'humour pour convaincre. Cela passe souvent inaperçu parce que nous supposons que tout ce qu'il disait était sérieux, grave, inoffensif et approprié à un service de culte, donc sans humour et peu amusant. Mais reconsidérons la manière dont il utilisa certaines hyperboles :
Jésus aurait pu dire: « Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés, » et il l'a fait. Mais il alla plus loin et donna à ses auditeurs une illustration qu'ils ne furent pas près d'oublier: « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » (Matthieu 7.3)

En tant que charpentier, il connaissait bien la différence entre une poussière et un madrier. Imaginer quelqu'un qui essaie d'enlever une poussière tout en étant aveuglé par une poutre ne manque pas de faire sourire.
Jésus aurait pu dire: « Ne soyez pas hypocrites, » et il l'a fait. Mais il a aussi déclaré : « Conducteurs aveugles ! Vous filtrez votre boisson pour en éliminer un moustique, mais vous avalez un chameau! » (Matthieu 23.24, la Bible en français courant) C'est bien là une image digne des effets spéciaux cinématographiques employés à notre époque. (Comment avaler un chameau ? En commençant par les pieds ou la tête ?)

Jésus aurait pu dire: « Il n'est pas facile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux, » et il l'a fait. Mais il a aussi ajouté cette illustration saisissante : « Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu» (Matthieu 19.24).
Mauvaises nouvelles pour Bill Gates, Donald Trump et les grands industriels. Jésus dit en fait: « Votre argent ne vous aidera pas à entrer dans le royaume de Dieu. Vous accéderez au ciel selon mes critères ou pas du tout. » Mais les pauvres et ceux qui étaient méprisés par les riches ont certainement trouvé cette description bien comique.

J'ai entendu des prédicateurs expliquer que le « trou d'aiguille» correspondait à une petite ouverture, pratiquée dans une grande porte où il fallait délester les chameaux de leurs charges et les agenouiller pour qu'ils puissent passer. Cela représenterait l'humilité nécessaire aux riches qui veulent atteindre le royaume des cieux. Mais cette petite porte n'était pas utilisée à l'époque de Christ. Jésus eut bien recours à l'humour ici pour sensibiliser ses auditeurs et leur donner une image qu'ils n'oublieraient jamais.

Preuves à l'appui
Peut-être que le meilleur exemple de l'utilisation de l'humour par Jésus est celui de la parabole du serviteur impitoyable dans Matthieu 18.

Vous connaissez l'histoire. Un homme qui devait 1 a 000 ¬talents est traduit devant le roi pour rendre des comptes. Il implore sa clémence afin que sa femme, ses enfants et lui ne soient pas vendus comme esclaves pour couvrir sa dette. Le mystère de la grâce fait que le roi lui accorde sa demande.
Mais cet homme fraîchement pardonné rencontre son serviteur qui lui devait 100 deniers. Un denier représentait environ le salaire d'une journée et il ne fallait à ce serviteur que six mois de travail pour rembourser sa dette.


Mais notre homme n'était pas aussi miséricordieux que le roi et il fit emprisonner son serviteur jusqu'à ce qu'il éponge tout ce qu'il lui devait (comment pouvait-il travailler en prison ?)

Le moment-clé de l'histoire se déroule plus tôt, au verset 26 quand il implore le roi : « Prends patience envers moi, et je te paierai tout. » Il demande du temps et garantit au souverain qu'il règlera toute sa dette.

Ceux qui entendaient cette histoire pour la première fois devaient déjà se tordre de rire à ce moment-là. Voilà pourquoi : au premier siècle, 10 000 talents correspondait au financement de toute l'économie de l'Empire romain. Toute l'armée, les bibliothèques, les écoles, les hôpitaux, les musées et les infrastructures pouvaient fonctionner avec cette somme.

Première question: comment un « serviteur» avait-il pu contracter une telle dette ? Deuxième question: combien de temps faudrait-il pour rembourser une dette de 10 000 talents avec un salaire journalier de un denier ?

Jésus enveloppa cette parabole d'humour pour enseigner une leçon indélébile: personne ne peut vivre et travailler assez longtemps pour rembourser la dette du salut que Dieu offre gratuitement à tous.

Voulez-vous essayer ? Le serviteur impitoyable aurait du travailler pendant 150 000 ans pour rembourser ce qu'il devait au roi. Si vous pensez pourvoir mériter le salut par vos bonnes œuvres, il faudra que vous vous y mettiez sans tarder. Et cette fois il ne s'agit pas d'une plaisanterie.

(Ce texte est une version condensée de l'article «Jésus savait rire» publié dans Adventist Review.)

Stephen Chavez directeur administratif de Adventist Review.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.